Le style Biedermeier, caractéristique de l’Art allemand du XIXème siècle, bourgeois, confortable, replié sur soi, nait en Autriche en 1814. Il porte le nom d’un personnage fictif, Gottlieb Biedermeier, qui est une représentation de la classe moyenne allemande. Le principe de ce courant ? Permettre à la bourgeoisie Autrichienne d’avoir une bulle et se tenir loin de l’agitation des révolutionnaires. Découvrez toute son histoire.
Sommaire
La naissance du mouvement Biedermeier
Ce style nait de la conjonction de deux mouvements : d’abord l’augmentation de la classe moyenne allemande due à l’industrialisation croissante du pays mais aussi d’une réaction nationaliste datant de la chute de l’Empire napoléonien. Pour comprendre, il nous donc faut parcourir plus de 1000 km à l’ouest vers la France.
Le chute de l’Empire
En avril 1814, après l’échec de la marche contre la Russie, l’Empereur Napoléon 1er est contraint à l’exil sur l’île d’Elbe. Louis XVIII en profite pour monter sur le trône de France et va tenter de réconcilier la France de la Révolution et celle de l’Ancien Régime.
Seulement Napoléon n’a pas dit son dernier mot : le 26 février 1815, il quitte l’île d’Elbe et remonte jusqu’à Paris défendant les territoires français contre toute l’Europe coalisée. C’est ce que l’on appelle la période des 100 jours.
Finalement, il sera obligé d’abdiquer une seconde fois en juillet 1815, sonnant ainsi le glas du Premier Empire. Louis XVIII remonte sur le trône, remettant en selle la monarchie tant attendue par les différents pays européens.
Le traité de Vienne
À la suite de l’abdication de Napoléon 1er, un grand congrès diplomatique est organisé à Vienne en Autriche en 1815. Les débats, qui ont pour objectif de remanier la carte de l’Europe, sont dominés par les représentants de la Russie, de l’Angleterre, de la Prusse et plus particulièrement par le chancelier autrichien Metternich.
Si ce dernier obtient que son pays domine l’Europe centrale et une partie de l’Italie, ce qui prédomine partout c’est un refus des apports de la Révolution, une négation des aspirations des peuples et un retour général à la monarchie. C’est l’époque de la Restauration.
Un style politique
Le style Biedermeier est le fruit de cette histoire. Il est la concrétisation d’un repli sur soi et d’un éloge du mode de vie bourgeois fait de confort et d’intérieur calfeutré. Il s’agit alors d’être rassurant et de donner à l’espace domestique douceur et simplicité.
Les caractéristiques de l’architecture Biedermeier
Un changement radical
Tout ce qui vient de Paris est rejeté, le style Empire centré sur l’acajou et les ornements est délaissé au profit du bois venant de la région, aux teintes plus claires comme le bois de noyer, le frêne ou l’érable. Les dossiers des sièges s’ouvrent en éventail et les pieds des tables se font colonnes. Le mobilier en bois clair est incrusté d’ébène et il fait de petites pièces comme des commodes ou des tables de couture. Il doit avant tout être confortable et fonctionnel.
Josef Danhauser, le maitre du genre
Ce peintre et ébéniste autrichien est l’un des représentants les plus importants du style Biedermeier. Celui qui a qui réalisé le masque mortuaire de Beethoven, délaisse un moment la peinture pour se consacrer à la fabrique de meubles familiale. Il réalise notamment une chaise d’appoint en bois de hêtre et de pin, au dossier en éventail et aux pieds incurvés conservé à New York, au Metropolitan Museum of Art.
Un courant artistique complet
Le style Biedermeier ne se limite pas au mobilier… Il va faire un tour du côté de la peinture avec des portraits de famille, des natures mortes et des scènes de la vie quotidienne. Mais il s’applique aussi à la musique (avec Beethoven ou Schubert) et à la littérature (Franz Grillparzer, le plus grand écrivain classique de la littérature autrichienne dont l’appartement est conservé au musée de la ville) et à l’architecture.
L’architecture biedermeier, élégante et sobre, s’inspire du néo-classicisme. Son plus éminent représentant époque est probablement Joseph Kornhäusel qui, outre de nombreuses résidences bourgeoises, a conçu le château de Weilburg à Baden, l’exemple le plus significatif de l’époque. Il n’est pour autant pas possible de le visiter car il a été partiellement détruit en 1945. Les ruines qui restaient ont été dynamitées en 1964 et il ne reste actuellement qu’une seule pierre de ce monument.
Le style Biedermeier est une bulle temporelle comme si ce mouvement était un cocon dans lequel s’est épanouie la bourgeoisie autrichienne comme rempart vers l’extérieur où harmonie et tranquillité sont les maîtres mots. Il s’agit de rester hors de portée de l’agitation révolutionnaire et même des passions du romantisme. C’est d’ailleurs pour cette raison que la révolution de 1848 mettra un terme à cette parenthèse de la culture autrichienne.
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