Dans les salons privés du roi Louis XIV, des courtisans se pressent autour d’une table en espérant ne manquer aucun détail de la partie en train de se jouer depuis plusieurs heures. Jeu de serpent, jeu des portiques ou encore de tric-trac : les tables se déclinent pour assouvir tous les nouveaux divertissements pour le plus grand plaisir des membres de la haute société.
Table de jeu en marqueterie – époque Napoléon III
Née au Moyen-Age, la table à jeu ne cesse d’évoluer pour s’adapter au jeu qu’elle accueille et au nombre de joueurs. De sa forme la plus basique, un simple tapis de velours déposé sur une table, aux tables multi-jeux en marqueterie, la table à jeu accompagne le quotidien tout au long de l’époque moderne avant de tomber en désuétude au XXième siècle.
Plongez au coeur du quotidien de la noblesse à l’époque moderne autour de l’histoire d’un meuble hors du commun, fruit de l’ingéniosité et de la créativité de ses artisans marqueteurs, la table à jeux.
Aristocrates durant une session de jeu – 17e siècle.
Sommaire
L’histoire de la table à jeux
Il faut attendre le XVIème siècle pour que la table à jeux soit adoptée et surtout acceptée en Europe. Il n’en fut pas en effet pas toujours ainsi. Louis XII tenta de bannir les jeux de tables du Royaume en vain. Avant lui, Richard Coeur de lion avait interdit aux personnes n’appartenant pas à la noblesse de se mettre autour d’une table pour jouer. Au Royaume-Uni, on raconte qu’un cardinal ordonna de brûler tous les jeux de hasard en 1536.
Le Roi de France, Louis XII.
Bon à savoir :
A partir du milieu du XVIème siècle, les jeux se font une place dans le quotidien des noblesses européennes. On joue au tric-trac en Angleterre puis au Backgammon au XVIIème siècle, la France, quant à elle, édicte un Traité du Jeu de Toute-table en 1699 dont les règles sont les plus proches du Backgammon que l’on connaît de nos jours.
C’est donc tout naturellement que la table à jeu devient un meuble à part entière à partir de la deuxième moitié du XVIIème siècle. Le tapis de jeu n’est alors plus déposé pour quelques heures sur la table mais fixé de manière définitive. Il faut toutefois attendre le XVIIIème siècle pour vivre l’âge d’or de la table à jeu : nul besoin de se rendre successivement chez le propriétaire de la table à tric-trac ou celui de la table Trou-Madame. Les tables se dotent désormais de plusieurs plateaux amovibles pour passer de jeu en jeu.
Une table de “Tric-Trac” modulable.
Péché mignon de roi
Saviez-vous que Louis XIV s’adonnait avec délectation au jeu de Trou-Madame appelé aussi Jeu des Portiques ? Jeu de salon très à la mode, mêlant hasard et adresse, le Trou-Madame consistait à faire entrer des billes dans les trous en passant par les portes. Le Gargantua de Rabelais est un inconditionnel de Trou-Madame !
Une session de Trou-madame aussi appelé “Jeu du portique”.
Pour aller plus loin dans l’histoire, le Wikimeubles vous invite à découvrir les meubles insolites du Château de Versailles, le très célèbre bureau du Roi Louis XV ou encore l‘hisroire de la table de billard !
A quoi ressemble une table à jeux ?
La forme de la table s’adapte au jeu qu’elle accueille, triangulaire pour le brelan ou encore pentagonale pour le reversis, mais aussi au nombre de joueurs qui s’attablent pour jouer. On trouve des tables carrées pour quatre joueurs ou ronde pour le jeu de bouillotte !
Anecdote :
Au XVIIème siècle, le joueur constitue un état en soi. Etre joueur, c’est faire partie des honnêtes gens et pour tenir ce rang, on est prêt à mettre en jeu des sommes mirobolantes. Pour mettre fin à cette frénésie, le brelan est interdit et remplacé par le jeu de bouillotte au cours du règne de Louis XVI sur une table portant le même nom.
Les plateaux étaient parfois marquetés d’un damier, de tablettes pour accueillir l’argent de joueurs ou pour poser des flambeaux. Le modèle classique de la table à bouillote est par exemple doté d’un plateau en marbre blanc de Carrare avec une galerie de bronze, de deux tablettes en ceinture, d’un plateau en bois s’encastrant dans la galerie, le bouchon, et d’un piètement fuselé à cannelures.
Plateau de backgammon fabriqué à la main composé de nacre incrustée et de bois précieux.
On ouvre le plus souvent la table par le milieu, le côté ou en faisant coulisser la ceinture, des tiroirs, souvent deux, servent à ranger les pièces de jeu. Les bois servant à la construction des tables à jeux sont le plus souvent précieux : acajou, bois de violette, etc.
Le besoin naissant, à cette époque, de transformer son mobilier tantôt en table de jeu, tantôt en table pour écrire ou déjeuner a beaucoup contribué à la naissance des meubles convertibles que nous connaissons aujourd’hui.