Quels sont les points communs entre la célèbre chambre de Van Gogh à Arles, les fameux joueurs de carte de Cézanne ou encore l’incontournable Cène de Da Vinci ? Au delà des artistes qu’on ne présente plus, le mobilier représenté dans leurs oeuvres est passé à la postérité. Moins connues du grand public mais tout aussi majestueuses et révélatrices des préférences artistiques et politiques de chacune des époques qu’elles présentent, les trois toiles sélectionnées ici nous plongent dans un enchevêtrement de styles et d’ameublement parfois oubliés.
Chambre de Van Gogh à Arles
Sommaire
La méridienne de Madame Récamier, Jacques-Louis David
Icône de son temps, Juliette Récamier se laisse à voir dans l’un des portraits les plus célèbres du peintre David réalisé en 1800. Elégante et terriblement séduisante, Madame Récamier semble se prélasser sur une méridienne dans un cadre épuré.
La méridienne de Madame Récamier
L’épouse d’un célèbre banquier parisien, connu comme l’un des premiers soutiens financiers de Napoléon Bonaparte, se trouve au centre du tableau dans une tenue blanche dite “à l’antique” entouré d’un tabouret et d’un candélabre nous plongeant tout droit dans l’atmosphère pompéienne.
Si ce sofa vous paraît familier, il ne l’était pourtant pas pour les contemporains du XIXème siècle qui découvrent tout juste la méridienne, créée pendant la période Directoire.
Caractéristiques de la méridienne “récamière” :
- contrairement à une méridienne classique, les accoudoirs de ce meuble sont de même hauteur ;
- cette variante de la méridienne ne possède pas de dossier;
- la récamière est un meuble multifonctions : il peut servir de lit d’appoint dans une chambre ou de sofa dans un salon.
Les meubles du salon de la princesse Mathilde, Sébastien-Charles Giraud
Nièce de Napoléon Ier, la princesse Mathilde tint à Paris un salon fameusement réputé pour accueillir l’élite du Second Empire. Les hommes de lettres, Guy de Maupassant, Ernest Renan, Théophile Gautier s’y retrouvaient pour dîner le mercredi quand les savants, tels que Louis Pasteur et Claude Bernard, étaient eux aussi régulièrement invités pour converser.
Le Salon de la Princesse Mathilde
Aujourd’hui disparu, l’hôtel particulier de la rue de Courcelles, et son intérieur richement décoré, survit grâce aux oeuvres de Sébastien-Charles Giraud (1819-1892) qui immortalisa le salon de la rotonde où les dîners mondains s’organisaient. Parmi les convives, trois personnages célèbres y sont représentés : assise sur un canapé, la princesse Mathilde, à l’arrière plan côté gauche, Madame de Fly, fidèle lectrice de la princesse brode tandis que le conservateur du musée des Souverains, Horace de Viel Castel, se penche sur la table.
Atelier Sébastien-Charles Giraud
Caractéristiques du salon de la princesse Mathilde :
- de grandes tentures vertes et rouges s’opposent à des murs peints en or et blanc créant une atmosphère chaleureuse typique des intérieurs luxueux du Second Empire;
- modernité et style classique définissent le mobilier : des fauteuils de style Louis XV parés de damas cramoisi côtoient un siège confident à deux places développé lors du Second Empire;
- un paravent d’inspiration chinoise complète le décor.
Le confident, siège Second Empire
Invitation à la discussion, le siège confident, aussi appelé conversation, tête à tête ou encore vis à vis, en forme de S est en réalité un double-fauteuil permettant aux protagonistes de ne pas avoir à se tourner la tête.
Siège “Confident” en forme de S
L’atelier de la princesse Marie d’Orléans, Prosper Lafaye
Troisième enfant de Louis-Philippe et Marie Amélie de Bourbon-Sicile, la princesse Marie d’Orléans eut un destin hors du commun. Davantage reconnue pour ses talents d’artiste que pour sa filiation, la princesse Marie influença fortement le style et l’ameublement de son atelier situé au rez-de-chaussée du Palais des Tuileries.
Pleinement intégré à son époque, cet atelier-salon s’inscrit dans la volonté d’évoquer le style gothique, alors très prisé dans les années 1830. L’aménagement original de cet espace n’est pas sans rappeler le goût prononcé de la famille d’Orléans pour les artistes, peintres, sculpteurs et autres, souvent vivement critiqués dans les cercles officiels, afin de donner à des pièces anciennes un style davantage moderne.
Caractéristiques de l’atelier de la princesse Marie d’Orléans :
- mobilier et plafond à caissons style Renaissance ;
- rideaux massifs, tapisseries cramoisies rouge et vitraux style Gothique tardif ;
- plâtre de Jeanne d’Arc ornant le milieu de la pièce.
A visiter
Peint en 1842, le tableau de Prosper Lafaye est aujourd’hui visible au Musée national du Château de Versailles. La toile de 55 cm de hauteur et de 87 cm de largeur fut commandée par Louis-Philippe pour le château de Saint Germain en Laye.