Le célèbre fauteuil est comme un ami que l’on a toujours connu, sans que personne ne sache vraiment d’où il vient. Il ornait le salon des grands-parents et les enfants n’avaient pas le droit d’y toucher, au risque de se faire taper sur la main. Il faut dire que la basane, le cuir du véritable fauteuil club, est très fragile. Ce fauteuil qui évoque pour beaucoup de nombreux souvenirs a une histoire plus que centenaire. Il a évolué avec son temps, il a expérimenté différentes formes et matières, il a été le terrain de jeu de nombreux designers… mais il est toujours là, comme un incontournable, indémodable et reconnaissable entre tous.
Sommaire
Naissance du fauteuil club
A la fin du XIXème siècle, grâce aux premières suspensions à ressort, apparaissent les premiers fauteuils à assise confortable et profonde. Ce « fauteuil confortable » est plutôt réservé aux hôtels et aux restaurants. Dans les années 1920, il prend le nom de « fauteuil club » en référence aux clubs anglais prisés par les élites masculines.
Vague Art Déco : fauteuil club
L’Art nouveau, d’inspiration floral et asymétrique, est balayé par le nouveau courant Art Déco qui tire son nom de l’Exposition des Arts Décoratifs et industriels qui a lieu à Paris en 1925. Les lignes qui deviennent géométriques et épurées transforment le fauteuil club en passe déjà de devenir culte. Il perd ses rondeurs, ses lignes deviennent droites et certains se parent même de franges. C’est l’époque où les designers, architectes d’intérieurs Jean-Michel Frank et Émile-Jacques Ruhlman, fers de lance du mouvement, créent le fauteuil hexagonal et le fauteuil éléphant.
Invitation à L’Exposition des Arts Décoratifs et Industriels – Paris 1925
Quelques années plus tard, le fauteuil club connaît un changement majeur quand son dossier s’incline vers l’arrière. On parle alors de « dossier en accolade », idéal pour la lecture. Ses accoudoirs prennent la forme de « P » et on voit apparaître des fauteuils en version cloutées. Le modèle « Chapeau de gendarme » et « Moustache » sont les plus emblématiques de cette période.
Fauteuil “Chapeau de gendarme” ancien
Anecdote :
On dit que le fauteuil moustache fait directement référence à la moustache de Georges Clémenceau, surnommé le Tigre, qui fut par deux fois Président du Conseil. Le fauteuil Chapeau de gendarme rappelle quant à lui le bicorne.
Fauteuil club cuir moustache
La valse des matières
A partir des années 50, les formes, les tailles et les revêtements se multiplient. Le mobilier se fait coloré, comme pour accompagner le besoin de renouveau après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Si le cuir de basane, appelé également « cuir pleine peau » est le matériau historique des fauteuils club, on s’amuse avec des matières nouvelles comme le simili cuir, le Skaï et plus tard la microfibre. Le rouge, le bleu, le vert… illuminent les intérieurs. Il reste néanmoins que le cuir de basane reste l’indémodable, celui que les amateurs recherchent et apprécient.
Bon à savoir
Le cuir de basane qui résiste très bien au temps est néanmoins très fragile. Il marque à la moindre trace d’ongle. Mais ce sont ces marques qui ont en font la valeur. Les défauts de peau et les cicatrices sont une garantie d’authenticité. C’est ce cuir qui fait du fauteuil club une référence essentielle du mobilier de luxe.
La samba des formes
Les formes des fauteuils clubs ont largement évolué depuis la fin du XIXème siècle. Elles sont si caractéristiques qu’elles permettent de dater précisément leur période. Du fauteuil club est né le canapé club, pouvant accueillir deux ou même trois personnes. Comme son petit frère, il est reconnaissable entre tous. Aujourd’hui, il se fait même en canapé club convertible, s’adaptant aux besoins de son temps et à l’optimisation de l’espace à travers les meubles intelligents.
Modèle Carlton : canapé club convertible
A retenir
De nombreux designers, de Jean-Michel Frank à Philippe Starck se sont amusés à revisiter le mobilier club. Le fauteuil et le canapé Bubble, en polyéthylène, habille intérieur et extérieur dans des couleurs allant du noir à l’orange.