Le style provençal a en réalité plusieurs visages. Selon les territoires, il est tantôt au décor végétal exubérant, plus sobre et rustique lorsque l’on s’approche des régions montagneuses. La Provence, terre de passage et carrefour des chemins a été soumise à plusieurs influences. La Renaissance italienne a apporté par exemple les riches sculptures et les courbes. La mode des meubles peints est importée de Venise mais aussi des pays nordiques.
Sommaire
Histoire des meubles provençaux
Sous Louis XIV et Colbert, les nombreux menuisiers charpentiers de l’arsenal de Toulon sont des artisans actifs du mobilier provençal. Les menuisiers, appelés fustiers, s’inspirent des modèles en vogue à Paris en y ajoutant des motifs sculptés. Ils pimentent le mobilier avec des éléments décoratifs comme la coquille. Tous utilisent de l’essence de bois de noyer qui a l’avantage d’offrir plusieurs nuances mais ils ne dédaignent ni le mûrier ni l’olivier. L’épicentre de la production de meubles se trouve à Arles puis essaime dans les villes alentours. Si le style d’Arles, justement, privilégie les motifs floraux, celui de Fourques préfère la sobriété. L’influence rocaille, aussi appelée « rococo », prédomine à Nîmes. Mais si les décors, moulures et sculptures signent la provenance, les classiques du mobilier provençal sont les mêmes partout.
De l’armorium au « gardo raubo »
Gardo raubo – Palais de Roure à Avignon
Le premier est un meuble romain pourvu d’étagères intérieures et fermé par deux vantaux. Il s’agit de l’ancêtre de l’armoire. Celle-ci sera largement utilisé au Moyen-Âge dans les couvents et les églises avant d’intégrer les intérieurs au XVème siècle. Elle remplace les fameux coffres médiévaux pour ranger les vêtements.
L’armoire provençale ou « gardo raubo » est souvent un meuble faisant partie de la dot de la jeune mariée. Au départ elle n’est qu’un simple placard puis elle se dote de sculptures fleuries et de garnitures. De taille imposante, elle ne mesure pas moins de 2m50 de hauteur et possède généralement trois panneaux. Elle peut même être dotée d’un fronton de style Renaissance.
A noter :
Dans les intérieurs bourgeois, l’armoire est souvent couplée avec une commode aux courbes prononcées et aux pieds galbés assez courts. L’armoire, star du mobilier provençal, a un sérieux concurrent…
La panetière provençale ou « paniero »
Panetière provençale
La panetière est le meuble typique par excellence. Il s’agit d’une cage à barreaux à accrocher au mur servant à la conservation et au stockage du pain. Au Moyen-Âge, simple caisse de bois blanc, elle gagne sa qualité de meuble d’ornement au XVIIème siècle. D’ailleurs, la finesse de ses ornements marque la classe sociale de la maisonnée à laquelle elle appartient. Considérée comme la maîtresse du pain, indispensable à sa fabrication, elle est aussi appelée « maestro » ou « maestra ». A l’époque, le pain est encore confectionné à la maison ou cuit dans le four communal une fois par semaine, il faut donc le conserver précieusement. Cette pratique perdure jusqu’à La Première Guerre Mondiale.
La panetière, meuble suspendu aux pieds en forme de chandelle, dont les panneaux sont décorés de fleurs, d’épis de blé ou d’oiseaux, est souvent associée au pétrin. Depuis l’Antiquité, celui-ci permet de transformer la farine en pâte à pain. D’abord en pierre, il se transforme peu à peu en véritable pièce de mobilier. En Provence, il est de forme trapézoïdale et fermé par un plateau amovible. Ses pieds droits sont maintenus entre eux par des traverses souvent sculptées de motifs floraux.
L’ensemble panetière – pétrin devient un véritable ornement des intérieurs provençaux !
Bon à savoir :
D’autres meubles aux noms chantants font partie de l’histoire du mobilier provençal… Le « radassié » est ainsi un canapé en bois à trois ou quatre places. Le « manjadou » est lui un garde-manger tandis que le « taubo fermado » est un buffet bas appelé aussi « crédence » en Basse-Provence et « bahut » en Haute-Provence.
Quoi qu’il en soit, les meubles provençaux se distinguent par leurs courbes, leurs galbes et souvent leurs décors fleuris inspirés de la végétation de la région. Ces meubles se caractérisent également par leur grande finesse d’exécution. Si leur production a atteint son apogée au XVIIIème siècle, elle a perduré au XIXème et ce mobilier typique fait encore aujourd’hui le bonheur des antiquaires et collectionneurs chevronnés.
Veirau typique en noyer