Canapé, divan, sofa, ottomane, méridienne… les mots ne manquent pas pour caractériser ces différentes pièces de mobilier qui font résonner en chacun de nous des concepts comme « repos », « convivialité », « sieste », « famille » ou « soirée en entre amis ».
Mais parmi tous ceux-là, attardons-nous sur le canapé et son histoire. Comme beaucoup de mots ou d’objets, le canapé – qui ne portait pas encore ce nom – nous vient de très loin…
Il semble admis que le mot « canapé » nous vient directement du grec puis du latin conopeum qui signifie « moustiquaire » d’où « sorte de lit entouré d’une moustiquaire »… Cependant cela ne nous en dit pas plus sur son utilisation…
Alors revenons à l’objet…
Sommaire
Le canapé à l’origine : une importation romaine
Lorsque les tribus gauloises menées par Vercingétorix sont défaites à Alésia en 52 av J-C, le territoire de ce qui est aujourd’hui la France se retrouve entièrement sous contrôle des romains et une nouvelle civilisation est en passe de voir le jour : la civilisation gallo-romaine.
Outre d’immenses changements dans les infrastructures routières, la géographie des villes, les modes vestimentaires ou la construction des bâtiments, c’est aussi une nouvelle manière de vivre qui change. Les maisons deviennent les « domus » avec des pièces à usage spécifique. Les « cubicula » sont par exemple les chambres à coucher, la « culina » est la cuisine et le « triclinium » est la salle à manger. C’est justement dans cette dernière que l’on trouve des lits-banquettes recouverts de coussins sur lesquels les riches gallo-romains s’allongent confortablement le temps des repas. Est-il besoin de préciser que ce mobilier était réservé à l’élite gallo-romaine ?
Et puis, il arrive un moment où le puissant empire romain – déjà affaibli par des crises intérieures – est menacé par différentes tribus qui vont peu à peu s’installer sur le territoire et mettre fin à la période de l’Antiquité. Place au Moyen-Âge et avec lui une nouvelle manière de vivre.
Moyen-Age : la vie de château pour le canapé encore peu confortable
Si la majorité du peuple vit dans des fermes ou dans de petites maisons en ville, d’autres vivent dans des châteaux qui vont évoluer au fil du temps et devenir de véritables lieux de vie avec un peu plus de confort que dans les premiers châteaux à motte qui étaient plus défensifs qu’autre chose. Pour autant le mobilier reste sommaire car il est appelé à déménager souvent. Les bancs font à la fois office d’assises et de rangement et les canapés moelleux ne sont pas encore de la partie. Il va falloir encore attendre quelques siècles…
La Renaissance : un mobilier plus diversifié et la naissance du canapé d’aujourd’hui
A la Renaissance, si les habitats des paysans restent misérables, souvent constitués d’une seule pièce qui leur sert à la fois de chambre, cuisine et salle commune, les nobles, quant à eux, sont en train de redécouvrir les merveilles de l’Antiquité dans l’architecture et l’ensemble des arts. Le mobilier concourt à la démonstration de la puissance et de la richesse des propriétaires. L’évolution de l’habitat débute dans les villes… Les maisons se dotent d’un mobilier plus diversifié, d’autant plus que les pièces vont peu à peu gagner un usage spécifique.
Et le canapé alors ?
Au XVIIème siècle, les fauteuils sont réunis pour n’en faire qu’un, pouvant accueillir plusieurs personnes à la fois pour la conversation ou une personne seule pour du repos.
Ils commencent à être rembourrés pour plus de confort, et recouverts de tissus plus ou moins luxueux. Munis d’accoudoirs de chaque côté, ils conservent toutefois une assise plutôt raide. Les canapés Louis XIII ont un dos droit qui n’invitent pas réellement à la détente.
Sous Louis XV, les dossiers s’incurvent et s’adaptent mieux à la forme du dos. En effet, cette période est caractérisée par la recherche d’un certain confort. Les canapés s’affinent et deviennent plus légers afin qu’ils soient plus faciles à déplacer. Les couleurs se font pastel et les pieds s’incurvent.
Peu à peu, les canapés se font moins profonds pour ne permettre que la station assise. C’est l’époque des salons littéraires où artistes, politiques et philosophes sont reçus dans les salons pour disserter.
C’est aussi l’époque des boudoirs, ces espaces à la frontière entre l’intime et le public, qui accueille un lit de repos, une ottomane qui deviendra plus tard la méridienne.
La généralisation du canapé
Sous la Restauration, le mobilier autrefois réservé à la noblesse commence à prendre place dans les demeures bourgeoises. Si les canapés en font partie, il faut attendre le XXème siècle pour qu’ils soient vraiment popularisés. Les artisans imaginent des formes nouvelles pouvant être fabriquées en série, donc accessibles à des foyers modestes. Bien sûr, les décorations suivront les styles successifs comme les motifs floraux et ondulants de l’Art Déco par exemple.
Le saviez-vous ?
Au début du XXème siècle, Albert Ducros, diplômé de l’École des Arts et Métiers de Châlon sur Saône est réputé pour être l’inventeur du canapé convertible : la banquette Merveille complètement automatisée. De quoi séduire un large public !
Le canapé aujourd’hui : un objet devenu design
Comme de nombreux objets ou meubles devenus des essentiels dans les intérieurs, le canapé est l’objet, au fil du temps, de l’attention de designers célèbres. Certains deviendront iconiques comme le canapé Togo imaginé par Michel Ducaroy comme un tube de dentifrice replié à l’aspect fripé ou le canapé Bubble créé par le designer français Sacha Lakic à l’aube des années 2000…
Aujourd’hui, essentiel à la maison, en cuir ou tissu, à trois places, convertibles ou d’angles, ils portent en eux une histoire millénaire.