Avant de pouvoir s’attarder sur les principes du Bauhaus et son mobilier, et selon la pratique de l’entonnoir bien pratique pour expliquer un certain nombre de concepts et d’idées, il s’agit de savoir ce qu’est vraiment le Bauhaus…
Sommaire
L’école Bauhaus, les prémices de cette architecture
Le Bauhaus, l’abréviation de « Das Staatliches Bauhaus » est d’abord une école née en 1919 en Allemagne de la fusion entre l’école des arts et de l’artisanat d’une part et de l’académie des Beaux Arts d’autre part. « Bauhaus » peut se traduire par la « maison du bâtir ». Pour les fondateurs, l’architecte Walter Gropius et le peintre Henri van de Velde, il s’agit de réformer complètement l’enseignement en démolissant les murs qui existent entre l’art et l’artisanat afin de faire entrer le tout dans le monde de l’industrie. Pour eux, et tous les artistes qui vont enseigner dans cette école, tout doit concourir à une construction universelle, simple, élégante et fonctionnelle.
Les principes de l’architecture Bauhaus : l’utilisation du brut
Pour contrer l’importance grandissante des machines dans la production, il s’agit tout simplement de concilier l’art et la technique, le beau et l’utile afin de créer le meilleur cadre de vie possible tout en produisant à l’échelle industrielle. En architecture, les bâtiments sont en matière brute, en béton, en verre et les formes sont très géométriques et épurées.
Les objets, eux, doivent avoir une forme adaptée à leurs usages et doivent pouvoir profiter au plus grand nombre. Pour Walter Gropius, il s’agit vraiment de mettre l’industrie au service de l’homme et d’être toujours en mouvement.
Walter Gropius : le père de l’architecture Bauhaus
Né en 1883, cet architecte défend les principes de fonctionnalité et de rationalisme. Après avoir travaillé dans la conception de carrosserie, en 1914, il présente un projet d’usine modèle en verre et invente quelques années plus tard les maisons préfabriquées. Après avoir créé le Bauhaus en 1919, il en est le directeur jusqu’en 1928. Il se consacre alors à des projets de logement populaire avant d’être contraint à l’exil en 1933. Il quitte l’Allemagne pour les États-Unis où il sera naturalisé américain.
L’Art Bauhaus : un véritable courant de pensée
Au-delà d’être une école, le Bauhaus est aussi un esprit de création, presque une philosophie. Les artistes qui y enseignent œuvrent pour construire un monde meilleur dans lequel les frontières et les classes sociales n’existeraient plus. Pour y parvenir, ils mêlent les disciplines et ces dernières sont toutes mises au même niveau : le travail du verre, du métal, la danse, le travail du bois, celui du textile, la peinture, la photographie…
Cet état d’esprit va inspirer de nombreux grands artistes qui vont venir enseigner au Bauhaus comme Kandinsky ou Paul Klee.
La montée du nazisme et les difficultés pour Bauhaus
Si au sortir de la première guerre mondiale, certains ont pu y voir l’occasion de construire un monde meilleur, d’autres, frappés par le chômage et la misère, ont cédé au chant du national-socialisme. Il va sans dire que l’utopie du Bauhaus n’était pas du tout au goût des élites nazies qui y voyaient un art dégénéré.
Dès 1924, les subventions allouées à l’école sont divisées en trois et cette dernière est contrainte de déménager plusieurs fois avant de s’installer à Berlin et de fermer définitivement ses portes en 1933. La même année, le chancelier Adolf Hitler obtient les pleins pouvoirs… De nombreux membres quittent l’Allemagne pour s’installer aux États-Unis ou même dans le futur état d’Israël.
L’aventure du Bauhaus aura ainsi duré treize petites années mais aura profondément marqué l’architecture et le design. Certaines des créations de l’école, devenues mythiques, sont encore fabriquées aujourd’hui.
Les meubles et édifices Bauhaus mythiques
La chaise Wassily
C’est le cas de la chaise Wassily créée par Marcel Breuer qui dirigeait alors l’atelier d’ébénisterie du Bauhaus. L’ancien étudiant, adoubé par Walter Gropius en personne, devient professeur à l’école en 1924. A cette époque, Marcel Breuer imagine de nombreuses pièces en acier thermoformé ou en aluminium. S’inspirant de son vélo, il imagine une chaise en acier tubulaire toute en géométrie et dont l’assise est faite de coton ciré : la chaise B3. Seulement voilà, son ami et collègue le peintre Wassily Kandinsky est subjugué par cette pièce qui prendra ainsi le nom de l’artiste.
Elle est aujourd’hui encore produite et commercialisée par la Maison Knoll.
L’exposition universelle de 1929 et la conception du pavillon Allemand
Quatre ans seulement avant que l’école ne ferme, le Bauhaus est invité à participer à l’exposition universelle organisée à Barcelone en 1929. L’architecte Ludwig Mies van der Rohe et la designer Lilly Reich – qui dirigera les ateliers de tissage de l’école entre 1931 et 1933 – conçoivent le pavillon allemand. Construit en verre, acier et avec quatre types de marbre différents, il est un espace très lumineux, minimaliste et à la parfaite symétrie.
La chaise Barcelona
C’est pour meubler le pavillon que Ludwig Mies van der Rohe et Lilly Reich élaborent la chaise qui prendra le nom de Barcelona. Inspirés par la chaise pliante des pharaons, les deux artistes imaginent une chauffeuse en peau de porc ivoire qui repose sur des lanières de cuir fixées à un piétement en croix en inox.
Cette chaise, seul mobilier à orner le pavillon, rencontre un succès immédiat. Mais les difficultés et le coût de fabrication sont élevées et la production s’arrête dès 1931. Elle reprendra en 1948 grâce à la Maison Knoll qui réédite la chaise Barcelona à une échelle industrielle. Toujours commercialisée par Knoll, elle est devenue une icône du mouvement du design moderne.
L’après Bauhaus
Vous l’aurez compris, l’esprit du Bauhaus perdure alors même que l’école n’existe plus depuis maintenant de nombreuses années. Par exemple, en septembre 2022, la commission européenne lance le Nouveau Bauhaus qui a pour but de financer des projets durables, beaux et fonctionnels comme le mobilier urbain modulable Sparkly conçus avec des éléments durables.
L’ère du modulable
Il est à noter que des enseignes comme Ikea n’existerait pas sans les apports du Bauhaus qui a, en premier, réfléchi à la standardisation, à l’accessibilité et à la simplicité des formes.