Chacun d’entre vous a forcément au cours de sa vie, touché, vu ou possédé un objet designé par Philippe Starck. Qui ne connait pas le presse agrume aux longues pattes, le fauteuil Louis Ghost façon Louis XVI en plastique transparent ou encore la table d’appoint Gnome Attila ?
Car Philippe Starck est un touche à tout qui a, il le dit lui-même, conservé son âme d’enfant : « Je suis un gamin rêveur, avec la légèreté et la gravité des enfants. J’en assume la rébellion, la subversion, l’humour ». Il a fait partie de la foisonnante activité artistique des années 80, à la fois architecte, designer… mais surtout artiste créateur.
Sommaire
Philippe Starck : le créateur d’objets devenus mythiques
Ils sont si nombreux qu’il est bien évidemment impossible d’en faire une liste exhaustive. Citons tout de même le légendaire presse agrume de Philippe Starck, Juicy Salif, dont l’idée date de l’hiver 1988 alors que Philippe Starck est en train de presser un citron.
Il y a également la fameuse lampe de Philippe Stark, la lampe Gun, créée en 2005, facilement reconnaissable avec son pied en forme de pistolet. Le designer, à travers sa création, a souhaité dénoncer la collusion de la guerre et de l’argent.
Le tabouret en plastique BUBU créé pour les 3 Suisses, espace de rangement en même temps qu’assise instable, est vendu chaque année à plus de 40 000 exemplaires ! La chaise signature de Philippe Stark, Louis Ghost créée pour Kartell en 2002 est aujourd’hui la chaise design la plus vendue au monde avec plus de 1,5 million d’exemplaires.
Enfin, en juin 2022, il lance la chaise Miss Dior, en hommage à la chaise médaillon chère au créateur. Le célèbre designer crée à la fois des objets accessibles au plus grand nombre en même temps que des produits de luxe. Ils ne sont pas tous forcément fonctionnels mais ils ont souvent un message politique à défendre : la démocratisation de la qualité.
Un jeu d’enfant
Pour le petit Philippe né en 1949, le jeu a commencé sous la table à dessin de son père, un ingénieur aéronautique constructeur d’avion qui lui a transmis sans aucun doute le geste créatif. Une fois sorti de sous la table, il poursuit son parcours à l’École Camondo qui forme des architectes d’intérieur et des designers. L’histoire dit qu’il ne s’y rend que de manière épisodique…
Mais c’est au Salon de l’Enfance de 1966 que Philippe Starck se fait remarquer avec la structure gonflable qu’il imagine pour l’association Perce Neige. Et c’est le début d’une ascension qui ne se démentira jamais puisque peu après, Pierre Cardin lui confie la direction artistique de sa maison.
Un jeune trublion
Quelques années plus tard, il fait la connaissance d’un jeune homme, Jean-Michel Moulhac, qui a le projet d’ouvrir une immense discothèque. Les deux compères arpentent Paris à la recherche du lieu idéal et le trouvent finalement à Montreuil : un espace dans un centre commercial destiné à être un cinéma.
Philippe Starck se met aussitôt au travail et imagine une sorte de trou noir aux contours indistincts surmonté d’une immense passerelle métallique placée à 6 mètres de hauteur. Avec « La Main bleue » inaugurée en 1976, Montreuil se dote d’une boite de nuit style industriel aux airs new-yorkais qui deviendra le haut lieu du Tout Paris, l’endroit où il fallait être, de Karl Lagerfeld à Andy Warhol. Volontiers subversifs, de nombreux artistes se pressent à la « Main bleue ». Au fil des années, il y aura d’autres clubs dans la vie de Philippe Starck.
Philippe Stark : un architecte pas comme les autres
Bien que Philippe Starck ne se considère pas comme un architecte, il conçoit depuis le début des années 80 de nombreux bâtiments un peu partout dans le monde : du Nani Nani anthropomorphique de Tokyo à un bâtiment qui fait face à la plage d’Ipanema au Brésil en passant par la tour de contrôle de l’aéroport de Bordeaux… Phillippe Starck, sensible aux problématiques environnementales, travaille à des espaces qui améliorent le « vivre ensemble ». Dans la même veine, il travaille depuis le début des années 90 à des hôtels de design accessibles à un plus grand nombre. Ce souci de démocratisation teinte d’ailleurs l’ensemble de ses créations.
Un design démocratique
Alors qu’il crée Ubik, son agence de design industriel en 1979, Philippe Starck ne s’arrêtera jamais de créer et de collaborer avec les plus grandes maisons : Alessi, Kartell, Dior ou encore les Trois Suisses… Car dans l’esprit du créateur, il n’est de possibilité que dans l’amélioration de la qualité accessible au plus grand nombre. Place donc à la fabrication en série !
En 1982, il accède à une notoriété internationale avec sa fameuse chaise Mister Bliss, une pièce ergonomique à bascule qui permet au corps d’avoir une parfaite position. Pour cette création qui lui sert de tremplin, il obtient une bourse du VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement) qui met en valeur un design moderne et durable et fait rayonner l’art de vivre à la française dans le monde entier.
Les années 80 : une décennie pour un tournant artistique
Car Philippe Starck fait bel et bien partie de ces nouveaux designers qui vont explorer les possibles à partir de l’élection de François Mitterrand en 1981. Le Président fait d’ailleurs appel à lui pour décorer quelques pièces du Palais de l’Élysée. Comme certains créateurs de mode (Jean-Paul Gaultier, Thierry Mugler) sont érigés au rang de stars, les designers de cette génération (Elizabeth Garouste, Martin Szekely) s’affranchissent de tous les cadres et créent frénétiquement des objets et meubles ultra modernes.