Découvrez l’histoire des brasseries parisiennes typiques, qui attirent encore de nombreux touristes et curieux aujourd’hui. Remontons à partir du XIXème siècle pour découvrir les prémices de ces institutions, et le mobilier qui auront fait leur renommée.
Sommaire
La brasserie Parisienne, c’est un morceau de l’histoire de France
Tout commence par une histoire de train… Après deux ans de travaux, nait en 1854 au cœur du Xème arrondissement de Paris, l’embarcadère de Strasbourg, qui permet de relier en train Strasbourg et Mulhouse. Vous l’aurez compris, il s’agit de la gare de l’Est, la benjamine des gares parisiennes. Des alsaciens profitent de ce nouveau chemin de fer pour rallier la capitale et ouvrir les premières brasseries, des lieux à l’origine où est brassée la bière.
Le mouvement va s’accélérer à partir du 10 mai 1871, à la signature du traité de Francfort qui met fin à la guerre entre la Prusse et la France et cède l’Alsace et la Lorraine à l’Empire allemand. Réprobateurs, de nouveaux alsaciens font leur bagage pour s’installer à Paris.
Lipp, Bofinger, Le Grand Café des Capucines : De la coiffe alsacienne au chic parisien
Bientôt les brasseries alsaciennes fleurissent comme Lipp boulevard St Germain, Bofinger près de Bastille ou le Grand café des Capucines près de l’Opéra Garnier, sur les grands boulevards. Y règne une ambiance typique alsacienne avec coiffes traditionnelles et cigognes. Ces nouveaux lieux sont rapidement investis par les parisiens, le Tout Paris des intellectuels et des artistes autant que les ouvriers…
Dans les années 1950, près de 200 brasseries existent à Paris. Elles ont l’avantage d’être ouvertes tard le soir, bien après l’heure des spectacles et sont le théâtre de moments fort conviviaux.
Un pont entre passé et présent
Les brasseries ne sont pas seulement des lieux où l’on déguste une bière venue directement d’Alsace… Elle se transforment en des lieux conviviaux où les clients viennent se régaler de plats traditionnels, emblématiques de la cuisine française : pot au feu, soupe à l’oignon, pied de cochons et autre blanquette… Ce que l’on appelle les « plats canailles ».
Ce sont aussi des lieux où passent de nombreux artistes et intellectuels… Albert Camus, Arthur Rimbaud ou Nougaro avaient leurs habitudes à la brasserie Lipp qui a toujours aujourd’hui son charme suranné des années 1880. Les murs sont recouverts de miroirs et de céramiques aux motifs floraux tandis que le plafond est peint de scènes africaines.
Plus près de Bastille, la brasserie Bofinger est installée depuis 1864 et conserve des décors tout à fait exceptionnels comme la coupole ovale ornée de motifs floraux ou les urinoirs à la tête de dauphin.
La création des bouillons parisien, pour les plus modestes
C’est à la même époque que sont créés les « bouillons », répliques des brasseries mais qui sont fréquentés par les plus modestes. Le plus connu est peut-être le bouillon Chartier où l’on peut encore trouver des entrées et des plats traditionnels à des prix défiants toute concurrence.
Le bouillon Chartier « Un repas digne de ce nom, à un prix modeste »
Cet ancien bouillon créé en 1896 existe toujours sur les Grands Boulevards. Le décor Belle Époque, inscrit au répertoire des monuments historiques en 1989 est époustouflant : une immense verrière surplombe une grande salle où sont accrochés des lustres et disposés des cuivres étincelants. Des serveurs habillés d’un gilet noir viennent apporter œufs mayo et terrine de campagne aux parisiens et touristes en goguette installés sur des banquettes capitonnées de velours rouge.
Le mobilier des brasseries parisiennes
Les brasseries traditionnelles possèdent souvent de très grandes salles, ornées d’une grande verrière de style Art Nouveau. On y retrouve des banquettes en cuir ou en tissu capitonné, un grand comptoir en étain ou en zinc. Les sols sont souvent dallés, les miroirs très présents ainsi que des sculptures, des cuivres et du mobilier en bois sombre.
L’histoire des chaises de bistrot en rotin
Les terrasses quant à elles sont reconnaissables à mille lieux à la ronde ! En cause, ces fameuses chaises, fauteuils et banquette en rotin qui se déclinent du vert menthe à l’orange et qui sont fabriquées depuis 1885. Deux maisons se partagent le marché des terrasses parisiennes : La Maison Drucker qui meuble par exemple la terrasse des Deux Magots et la Maison Gatti. Leur fabrication nécessite entre 5 et 30 heures de travail et tous les cannages sont réalisés à la main. C’est un peu de Paris qui est déposé dans chacune de ces chaises.
Ces assises si caractéristiques, devenues objets cultes, ne seraient rien sans les guéridons aux pieds en fonte. Il est certain que l’atmosphère des brasseries parisiennes tient beaucoup à son mobilier !
Aller diner dans une brasserie, c’est respirer le parfum du Paris de la Belle Époque… A savourer toujours !