Gain de place et praticité : quelque soit le coin du monde où l’on se trouve, le tabouret a acquis depuis la fin du Moyen-Âge un rôle universel dans nos intérieurs et les activités artisanales. Objet jugé ordinaire et sans grand intérêt, le tabouret voit cependant son rang changer lors de la période moderne. Au cours du règne du Roi-Soleil, le tabouret acquiert une signification spéciale, un privilège d’assise dont peu de personnes à la cour pouvait se targuer. Aujourd’hui objet de toutes les fantaisies des designers les plus réputés, Philippe Starck en tête, le tabouret détient une histoire hors du commun à bien des égards !
Exemples de tabourets aux styles variés
Sommaire
Le tabouret, un meuble avant tout pratique
L’étymologie du mot tabouret en dit long sur son premier usage. Dérivé de l’Ancien Français tabour, pour tambour, le tabouret est alors un objet circulaire qui se différencie du placet, une version rectangulaire à l’assise rembourrée dont les quatre pieds sont reliés par une entretoise.
Cependant, les premiers tabourets remontent l’Egypte ancienne et à la Grèce Antique avec le Diphros, un petit siège d’appoint en bois en version fixe et pliable et le tabouret Curule en métal noir apparu dans l’Empire Romain.
A encoignure pour être placé à l’angle d’un mur, à commodité ou d’aisance en guise de cabinet : le tabouret prend tout au long de l’époque moderne des formes diverses pour répondre à des besoins pratiques. L’option confort n’est en effet pas de mise pour ce siège conçu sans dossier.
Tabourets : à gauche le tabouret Diphros
à droite le tabouret siège curule (de style Directoire)
L’histoire du tabouret est aussi avant tout liée à celle des femmes, dans sa version caquetoire apparue au XVIème pour bavarder entre femmes ou réaliser des ouvrages, tels que travaux de couture, de broderie, etc.
Deux formes de tabourets médiévaux
Au Moyen-Âge, on pouvait s’asseoir sur des tabourets dont les deux pieds étaient en forme de planche avec un court banc d’assise ou sur des tabourets en bois massif tourné, assez simple. On plaçait alors des pieds en bois sec, trois puis quatre, sous la planche d’assise. Pendant que cette dernière séchait en se rétractant, les pieds étaient alors solidement joints.
Tabouret : le meuble de privilège
A l’époque de Louis XIV, le tabouret devient un objet de convoitise car peu de personnes présentes à la cour ont l’autorisation de s’y asseoir. “Tabouret” en vient même à désigner les privilégiés disposés à pouvoir le faire si l’on en croit les Mémoires du Duc de Saint-Simon.
Dorénavant véritable distinction sociale, le tabouret se dispute en haut lieu. D’Argenson, alors garde des Sceaux auprès du Roi-Soleil, aurait fait des pieds et des mains pour obtenir un tabouret pour sa femme, afin qu’elle puisse s’asseoir près de la Reine. Seule les duchesses pouvaient alors jusqu’ici prendre place sur le tabouret.
Tabouret en bois sculpté- époque Louis XIV
Le jour où le tabouret s’anoblit
La mère de Louis XIV, Anne d’Autriche, octroya un jour à deux femmes de s’asseoir sur des tabourets en sa présence, bien qu’elles ne soient pas duchesses. Si cette décision fit grand bruit parmi la haute noblesse qui alla jusqu’à signer une protestation en 1649, elle marqua surtout la matérialisation du tabouret comme privilège et honneur accordés à peu.
Les tabourets de l’époque contemporaine
De nos jours, on ne compte plus les multiples formes que prennent les tabourets : hauts pour s’asseoir aux comptoirs des bars ou autour d’un plan de travail de cuisine, dotés d’un dossier etc.
Tabourets de bar – Diner américain
Le tabouret, roi des bars
Aux Etats-Unis, le tabouret placé au comptoir d’un bar n’a qu’une seule vocation : pousser le client à consommer rapidement et laisser sa place à un autre. Chose impensable dans notre Vieux continent, trop habitué au service à table. Afin de pouvoir consommer un cocktail, dont l’âge d’or se situe dans les années 1920, de manière suffisamment confortable au bar, on dote le tabouret rustique de hauts pieds pour plus de confort.
Surtout, les tabourets inspirent les designers qui y accolent leur haute créativité et donnent à ces meubles une valeur inestimable. Parmi eux, les designers Art Déco à l’instar de Pierre Legrain, Emile-Jacques Ruhlmann ou encore André Groult. A titre d’exemple, le tabouret designé par Pierre Legrain pour Yves Saint Laurent fut revendu pour la modique somme de 457000 euros !
Objet de toutes les fantaisies, le tabouret s’est retrouvé sous forme de nain de jardin chez Philippe Starck et éclairé de l’intérieur par Slide Design.
Tabouret curule africaniste signé Pierre Legrain (1888 – 1929) – Collection Yves Saint Laurent & Pierre Bergé
Présenté par la Maison de vente aux enchères Christie’s