Les années 60, les sixties comme on dit avec un sourire dans la voix et parfois même un brin de nostalgie pour certains, sont une décennie de grands changements. En France, le Général de Gaulle est le premier Président de la Vème République depuis 1958 et aux États-Unis, John Fitzgerald Kennedy va bientôt être élu. Il instaurera le désormais fameux « American Way of life », cette recherche de liberté et de bonheur qui touchera la France dans une certaine mesure. Cette nouvelle manière d’appréhender les choses va avoir de nombreuses conséquences, tant au niveau de la société que dans celui du mobilier et du design. Car, comme on le répète toujours ici, tout est toujours lié !
Sommaire
Les révolutions
Les sixties sont le temps des révolutions : sexuelle, morale, scientifique… Les grands combats de la deuxième moitié du XXème siècle y prennent racine : les droits des femmes, des gays, des minorités…
C’est aussi l’époque de la course à l’espace entre les américains et les russes : Si Youri Gagarine est le premier à faire le tour de la terre en 1961, Neil Armstrong sera le premier à mettre un pied sur la lune en juillet 1969. Le monde entier se passionne et l’espace va avoir une influence sur le mobilier…
La société de consommation
Les années 60 voient aussi l’arrivée de la publicité, des grandes surfaces, du prêt-à-porter et l’explosion des arts ménagers : aspirateur, transistor, tourne disque et téléviseur bien sûr ! Il existe désormais des objets pour tout, y compris ce qui n’est pas très utile. C’est l’époque de la naissance des gadgets ! Sans conteste, la société de consommation prend désormais ses aises.
La culture pop
Pendant que Brigitte Bardot devient une star et que le jeune Johnny Hallyday explose grâce à la télévision, les artistes explorent ce que l’on appellera le « pop art » ou plus exactement « l’art de la culture de masse ». Richard Hamilton, Roy Lichtenstein ou Andy Warhol en sont les grands noms. Le premier dira même que le pop art est « populaire, éphémère, bon marché, jetable, produit en masse… ».
Et le mobilier alors ?
Tous ces événements, ces changements et ces transformations dans des domaines divers et variés ont eu une incidence sur toutes les créations des sixties, y compris le mobilier. Les meubles des années 60 ont des couleurs acidulées, des formes rondes qui rappellent les capsules spatiales, des motifs géométriques et des surfaces polies et brillantes. Y règnent en maître différents matériaux comme le plastique, le chrome, la fibre de verre, la mousse, à mille lieux des matières naturelles prisées jusqu’ici.
Le design finlandais à l’honneur…
Les designers s’en donnent à cœur joie et créent des meubles et des objets « à mi chemin entre le fonctionnel et le ludique, affirme Eero Aarnio. Le designer finlandais est d’ailleurs l’un des principaux novateurs en matière de mobilier. C’est lui qui a imaginé et dessiné le fauteuil Ball en 1963, le fauteuil Pastille en 1967 – une œuvre d’art en même temps qu’une assise – et la Bubble Chair en 1968. Le premier, une coque en fibre de verre de la forme d’un ballon, est vite devenu un « must have » et on le verra dans la série culte « Le Prisonnier » avec Patrick McGoohan ou plus tard dans le film « Mars Attack ».
L’Italie n’est pas en reste…
L’italien Joe Colombo, lui aussi très inspiré par les nouvelles technologies et par l’espace, travaille sur des formes complètement innovantes. En 1963, il crée son fameux fauteuil Elda, un fauteuil en fibre de verre au haut dossier garni de coussins tubulaires qui tourne à 360° et qui siérait parfaitement à un empereur d’une autre galaxie. Il est aussi le premier à utiliser le plastique moulé en un seul bloc, avant même Verner Panton et sa célèbre chaise en forme de S. Sa création la plus spectaculaire est peut-être son Tube-Chair qui date de 1969. Au moment où Neil Armstrong et Buzz Aldrin marchent sur la lune, Joe Colombo imagine un fauteuil design modulable en PVC fait à partir de quatre tubes de différents diamètres.
Parmi les incontournables du mobilier, les canapés et fauteuils s’arrondissent, se parent de jersey jaune, orange ou vert. Les tables aussi gomment leurs angles et tiennent sur un pied central : la table tulipe de Eero Saarinen devient vite une véritable star, copiées et recopiées comme toutes les icônes !
Le tabouret français qui fait fureur!
Du côté français, la palme revient peut-être à Henry Massonnet avec son tabouret Tam Tam qui atteint aujourd’hui le chiffre faramineux de plusieurs millions d’exemplaires vendus. Conçu à l’origine pour les pêcheurs, ce tabouret bon marché et très léger de la forme d’un diabolo s’arrache depuis que Brigitte Bardot a donné une interview assise sur l’un deux. Entré en MoMa en 1970, il est aujourd’hui un objet culte des sixties.
Il est bien d’autres des pièces de mobilier qui attirent l’œil, qui disent une époque, qui font comme un souvenir mais il est bien sûr impossible de les citer tous… Plus tard peut-être !