Longtemps mystérieux et secret, le Japon regorge de trésors dont les formes et la philosophie sont issues d’une tradition ancestrale que l’occident a pu apprécier dès que le pays a ouvert ses frontières.
Petite rétrospective sur le meuble japonais…
Sommaire
L’art de vivre au Moyen Age
Dans le Japon du Moyen-Âge, le mobilier est non seulement réservé à l’élite mais en plus sa disposition obéit à des règles très codifiées. A chaque meuble ou chaque ustensile correspondent des formes, des structures et des dimensions à respecter. Cela vaut pour les étagères, les étagères armoires ou les écrans amovibles. Et gare à celui qui se trompe ! Les meubles ne sont pas très haut car la vie se passe au ras du sol : les nobles se tiennent assis sur des nattes ou des tapis.
Il faut attendre le XVIIIème siècle pour que le mobilier se démocratise. Le peuple conquiert peu à peu la possibilité d’une vie décente et le mobilier se multiplie. Il garde cependant ses caractéristiques originelles : les meubles ne sont pas considérés comme un ornement mais sont utilitaires. Les formes sont simples, les lignes souvent rectilignes à la décoration minimaliste permettent de s’intégrer à des intérieurs très sobres dans lesquels les espaces vides sont très appréciés.
De plus, le mobilier est adapté au mode de vie japonais : les meubles ne possèdent pas de pieds et les tiroirs sont faciles d’accès en position assise sur le sol. Comme il est amené à être déplacé régulièrement, il est souvent doté de poignées.
Une ouverture commerciale forcée
Au XVIIème siècle, le Japon ferme ses frontières : il est désormais impossible tant d’y entrer que d’en sortir. Pendant deux siècles, le pays ne vit que pour et par lui-même et développe une spécificité culturelle qui fait probablement tout son charme. Le Japon est mystérieux, secret et il s’affirme comme tel ! Seulement, cette situation ne convient pas du tout aux occidentaux qui souhaitent s’implanter commercialement. En effet, c’est aussi l’époque, au XVIIème siècle, de la création des premières grandes compagnies de commerce : la compagnie des indes orientales voit ainsi le jour en 1664 et a pour objectif de développer le commerce avec l’Asie. Mais comment faire ?
Les États-Unis envoient ses « vaisseaux noirs » qui menacent de tirer sur l’actuelle Tokyo si le Japon ne signe pas un accord commercial. Le pays est contraint de signer le traité et en 1854, les ports de Shimoda et de Hakodate voient s’implanter des comptoirs étrangers sur leur territoire.
Les occidentaux vont découvrir des produits inconnus et exotiques et vont tomber amoureux du mobilier et des objets japonais.
L’arrivée de l’occident va apporter des changements au mode de vie traditionnel japonais et le pays va s’adapter à un certain nombre de pratiques comme l’adoption du calendrier grégorien, un système juridique occidental…
Le meuble Japonais : une passion pour la laque
L’utilisation de la laque est très ancienne au Japon et dans le mobilier Japonais. Obtenue à partir du laquier, elle est appliquée en couches successives très fines qui durcissent et donnent un aspect brillant. Comme il est possible d’y inclure des pigments, les japonais utilisent très largement de la laque rouge et noire. Il est possible d’y incruster des objets de décoration ou de la poudre d’or.
Les objets et mobiliers laqués japonais arrivent en France dès la deuxième moitié du XVIIème et ils font fureur ! Le Japon multiplie les exportations et il se dit même qu’ils ne commercialisent à l’époque que des objets laqués de moindre qualité spécialement exécutés pour les occidentaux. Il s’agit alors d’abord surtout de boites, d’écritoires ou de coffrets. Mais aussi de paravents comme ceux collectionnés par le cardinal Mazarin dont l’inventaire effectué à sa mort en 1661 semble montrer qu’une partie provient directement du Japon. Plus d’un siècle plus tard, la Reine Marie-Antoinette en aura toute une collection, comme cet écritoire laqué datant de 1785.
Parmi les maîtres laquiers reconnus, qui ont participé au succès du meuble Japonais, il est impossible de ne pas citer Nagata Yùji qui avait la particularité de signer ses œuvres, ce qui était extrêmement rare au XVIIIème siècle. Il est notamment le créateur de cette magnifique étagère en laque exposée à la galerie Mingei à Paris.
Et aujourd’hui, comment s’intègre le meuble Japonais ?
Plus près de nous, des créateurs japonais continuent de créer un mobilier conforme aux traditions et ont parfois une renommée internationale à l’instar de leurs aînés qui avait déjà compris le potentiel artistique de leurs créations pour l’occident.
Ainsi Naoto Fukasawa imagine et crée du mobilier sobre et fonctionnel tout autant que des objets du quotidien comme des horloges, des lampes ou des couverts.
Jin Kuramoto est notamment le créateur de la Chaise Maki doté d’une sorte de tunnel placé derrière le dossier et qui peut servir de cachette aux animaux domestiques ! Il a été pensé pour trouver sa place dans un salon aussi bien qu’autour d’une table. L’histoire est donc encore bien là : il s’agit de créer du mobilier fonctionnel, aux lignes pures et facilement transportable.