La table est peut-être l’un des premiers meubles que l’on achète lorsque l’on emménage. Elle est table à manger, bureau, table basse, plateau sur des tréteaux ou meuble d’un seul tenant, elle est omniprésente, quotidienne et on finit par ne plus la voir tellement elle est là. Et pour cause ! Puisqu’elle existe depuis l’Antiquité !
Sommaire
Les premières tables
Existait déjà dans l’Antiquité la notion de convivialité et de partage. Bien sûr, ces notions étaient liées au statut social en même temps qu’au sexe de la personne concernée. Ainsi chez les grecs, ce type de réunions où l’on partageait un repas se tenaient non seulement entre hommes mais aussi entre individus partageant les mêmes centres d’intérêts : les philosophes avec les philosophes, les médecins avec les médecins…
Chez les Romains, c’était plus mélangé mais aussi plus orgiaque. Les femmes rejoignaient les hommes au moment des « repas ».
Que l’on soit grec ou romain, il était d’usage de manger en position allongée. Les médecins pensaient que ça facilitait la digestion ! Les banquets sont pris sur des tables lits, en forme de U, qui permettaient à tous les convives de se voir et d’accéder à la nourriture qui se trouvait au centre de la table.
Les tables du Moyen Âge
Pendant toute la période du Haut Moyen Âge, le mobilier est assez sommaire. Il est surtout constitué de coffres qui servent à la fois de rangement mais aussi de table. Ils sont surtout destinés aux seigneurs qui sont appelés à souvent changer de demeure.
Petit à petit, les meubles deviennent « mobilier » c’est-à-dire destinés à un usage particulier. Il n’y a toujours pas de pièces réservées aux repas mais désormais on utilise des tréteaux et une planche qui sont installés et désinstallés à chaque repas. De là vient l’expression « dresser la table ». Il n’y a pas de vaisselle individuelle et les cuillères passent de main en main et de bouche en bouche.
A partir du XVème siècle, la table devient rectangulaire et reprend la forme de U. L’inégalité sociale est inscrite dans la forme de la table. Les puissants prennent place à la base du U et ont un accès direct aux mets posés sur la table. Ceux qui sont placés aux extrémités ne peuvent se servir seuls et il n’est pas rare que la nourriture soit froide quand elle arrive jusqu’à eux ou même qu’il ne reste rien !
C’est donc à la Renaissance qu’apparaissent les premières tables fixes. En revanche, il n’y a toujours pas de salle à manger. Les repas sont pris en fonction des saisons, en hiver près de la cheminée, en été, dans une pièce fraîche.
Les tables royales
Les objets ne sont pas seulement leur utilité, ils ont aussi souvent une charge symbolique. La table fait partie de ceux-là. Louis XIV considérait ainsi qu’au-delà d’être le lieu du repas, elle était aussi un outil de gouvernement. La table est le lieu de la prise de décision (elle l’est restée d’ailleurs aujourd’hui).
La table n’est plus constituée de tréteaux et d’un plateau mais devient d’un seul tenant. Elle est désormais richement décorée. Il arrive même que le plateau soit constitué d’un planisphère qui permettait au roi et à ses ministres de prévoir les guerres, d’imaginer les mouvements de troupes tout en dégustant leur repas.
Le saviez-vous ?
Les premières tables fixes, que l’on ne défait pas au gré des repas de la journée, sont celles des communautés religieuses installées dans les réfectoires des couvents ou des monastères.
La révolution industrielle
L’histoire est la réunion de faisceaux d’événements qui font sens et forment des mouvements qui implique la société entière et par extension tous les aspects de la vie quotidienne. Ainsi au XVIIIème siècle, commence la révolution industrielle. Elle débute tout doucement : les progrès de l’agriculture ont permis l’abandon des jachères qui permet à son tour la création de petits ateliers de production installés à la campagne : c’est la proto-industrialisation.
A ce moment-là, les foyers les plus modestes se dotent de tables d’ébénisterie réalisées de façon artisanale.
Et puis au XIXème siècle, les petits ateliers disparaissent et la production industrielle de masse s’envole, accompagnée d’une exode rurale massive. Il s’agit alors de meubler à bas prix tous ces nouveaux ouvriers. Il faut faire vite, bien et pour pas cher.
Les tables iconiques
L’envie du beau a toujours existé à côté du besoin du fonctionnel. L’heure de la production en série est aussi celle de l’avènement du design. A la fin du XIXème siècle, l’industrialisation « à outrance » a donné lieu à un retour à l’artisanat et aux pièces sortant de l’ordinaire et de la banalité. C’est ainsi que certaines pièces imaginées et élaborées au XXème siècle sont aujourd’hui indémodables et sont encore un « must have ».
Parmi les tables iconiques vient peut-être en premier lieu la table « Tulipe » imaginée par le designer américain Eero Saarinen en 1957 pour Knoll. Avec son unique pied central, il voulait débarrasser les maisons de « ce misérable fouillis de pieds ». C’est une révolution !
Le français Jean Prouvé, lui, a dessiné la table compas en 1953. Ses pieds marquent une véritable marque d’originalité pour l’époque.
Isamo Noguchi de son côté travaille sur une table basse dont l’impression générale est la délicatesse et la légèreté. Ce sera la table « IN-50 » qui est, selon le designer lui-même, son œuvre la plus aboutie.
La table reste aujourd’hui un terrain de jeu infini. Il ne reste plus qu’à faire son choix entre tables modulables, tables basses relevables, meubles rectangulaires, en bois, tubulaire. A chacun sa part d’histoire dans sa maison.