Le Mobilier national et les manufactures nationales qui lui sont rattachées incarnent le prestige de la tradition française en matière de meubles. Dotée d’un savoir-faire d’exception, cette institution sait aussi révéler la vitalité de la création artistique et du design contemporain.
Sommaire
Histoire du Mobilier National
C’est sous l’Ancien régime, en 1604, qu’Henri IV crée le Garde-Meuble royal. Cette institution a été réorganisée en 1663 et rebaptisée par Colbert, Garde-Meuble de la Couronne. Supprimée en 1798 pendant la Révolution, elle reprend vie en 1800 en tant que Garde-Meuble des Consuls, puis comme Mobilier impérial en 1804.
Pour aller plus loin,
Découvrez le mobilier de Marie-Antoinette Reine de France ou le Secrétaire à cylindre de Louis XV…
Portrait du Roi de France Henri IV (1553-1610)
Le nom actuel de Mobilier national lui a été attribué après la chute du Second Empire en 1870. Un musée est ouvert au public à partir de 1884. Ce n’est cependant qu’en 1893 qu’une loi intervient pour rendre obligatoire la réalisation d’un inventaire des meubles situés dans les réserves. A cette époque, les collections sont dispersées entre différents ministères, administrations et palais.
En 1901, un décret du gouvernement attribue au musée du Louvre la prise en charge d’une partie des collections et des pièces rares réunies dans le musée du Mobilier national.
A noter :
C’est en 1959 que le Mobilier national est rattaché au ministre chargé des Affaires culturelles. Il est placé sous la tutelle de la Délégation aux Arts plastiques du ministère de la Culture à partir de 1982 et devient un service à compétence nationale en 2003.
Ancien Garde-Meuble royal
Actuel Hôtel de la Marine, façade sur la place de la Concorde – Paris
Les missions du Mobilier national
Les principales missions du Mobilier national ont été définies par un décret du 23 février 1980. Cette institution est chargée non seulement de meubler les bâtiments officiels de la République française (comme le Palais de l’Élysée), mais également d’assurer la conservation et la restauration de sa collection, composée de plus de 130 000 objets mobiliers et textiles.
Pour la conservation de sa collection, le Mobilier national peut s’appuyer sur sept ateliers de restauration qui perpétuent une tradition et un savoir-faire d’excellence :
- restauration de tapisseries,
- restauration de tapis,
- tapisserie d’ameublement,
- tapisserie de décor,
- menuiserie en sièges,
- ébénisterie,
- et lustrerie-bronze.
Entrée du Mobilier national – Paris
Rattachés au Mobilier national, la manufacture des Gobelins, la manufacture de Beauvais, la manufacture de la Savonnerie à Paris et Lodève, et les Ateliers nationaux conservatoires de dentelle du Puy-en-Velay et d’Alençon perpétuent également une tradition d’excellence, mais pas seulement. Ils viennent aussi en soutien à la création contemporaine dans le domaine du tissage.
Le saviez-Vous ?
Outre les objets mobiliers et textiles, les drapeaux étrangers utilisés lors des réceptions de dignitaires étrangers sont stockés par le Mobilier national.
En 1964, un atelier de recherche et de création (ARC) est créé au sein du Mobilier national à l’initiative du ministre de la Culture de l’époque, André Malraux. L’objectif consiste alors à promouvoir la création et le design contemporain dans les bâtiments officiels. Ce sont 600 prototypes qui ont été réalisés par les artisans d’art du Mobilier national d’après des études de designers en plus de 50 ans. Aux côtés de ces pièces, les collections se sont enrichies d’achats d’éditions et de créations en série limitée de designers français et internationaux tels que Philippe Starck, Éric Jourdan, Jasper Morrison, Patricia Urquiola ou encore Marcel Wanders.&
Salon Alpha signé Pierre Paulin
Parmi ses missions, le Mobilier national est aussi tenu de créer des œuvres d’art textile (tapisseries, tapis, dentelles, broderies) et du mobilier contemporain. Ces œuvres entrent directement dans les collections du Mobilier national.
Les collections du Mobilier national
1/ La collection de mobilier du Mobilier national reflète une politique d’acquisitions continue. Elle comprend des meubles datant du XVIIème à nos jours. On y trouve des sièges de série comme des meubles d’apparat d’origine royale. S’y ajoutent aujourd’hui les prototypes réalisés par l’ARC.
Avec environ 1 500 pièces, la collection de tapisseries du Mobilier national constitue l’une des plus importantes au monde !
Canapé Rococo de Nicolas-Quinibert Foliot – Maître menuisier
2/ La collection de tapis comprend des tissages aux formats très variés. Ils vont du dessus de tabouret ou de banquette jusqu’à des pièces pouvant dépasser 10 mètres de longueur.
3/ La collection de bronzes et de pendules est composée d’un ensemble de bronzes d’ameublement (lustres, candélabres, flambeaux, chenets, vases, etc.) et de plus de 1 100 pendules, hérités du Garde-Meuble impérial et royal. Il s’agit d’une collection exceptionnelle par l’histoire de ces pièces, leur symbolique et leur qualité.
4/ La collection de cartons peints comprend environ 2 000 pièces, parmi lesquelles des œuvres prestigieuses à grandeur d’exécution, ainsi que de petites maquettes et des modèles pour tapisseries d’ameublement.
Histoire de Moïse, le veau d’or, XVIIe siècle – Pierre de Sève
5/ La collection d’arts graphiques est composée d’études préparatoires à des tapisseries, de modèles à échelle réduite du XVIIe siècle à nos jours, de dessins d’élèves des manufactures, de gravures liées à l’histoire des lieux, à l’apprentissage des techniques ou bien liées aux besoins de l’ameublement, ainsi qu’un fonds photographique ancien.
6/ La collection de tissus d’ameublement, héritée des commandes des Garde-Meubles royaux et impériaux, offre un panorama des lieux de pouvoir français de la Régence et son mobilier à l’époque contemporaine. Riche de près de 35 000 pièces, elle regroupe aussi bien des lés que des rideaux, tentures murales, garnitures de sièges et dessus de lit, du XVIIIe siècle à nos jours.
7/ La collection des dentelles et broderies, comprenant plusieurs centaines de pièces, est issue de la production des deux ateliers nationaux d’Alençon et du Puy-en-Velay qui constituent de véritables conservatoires de la tradition dentellière française.