Commode, vaisselier, lit, armoire : divers et doté de ses propres caractéristiques, le patrimoine mobilier normand a su dès le XVIIIe siècle se démarquer parmi les meubles régionaux. Si l’armoire normande est certainement reconnue comme l’une des plus ornementées de sa catégorie, d’autres meubles de Bayeux, Caen ou encore Fécamp ont quant à eux offert aux intérieurs un apport fonctionnel unique. Richement décoré et pratique, tels pourraient être les maîtres mots pour décrire le meuble normand d’antan.
Sommaire
L’armoire normande : une histoire de famille
Évoquer l’armoire normande ne consiste pas seulement à dresser la liste des caractéristiques d’un meuble dont on devine la robustesse à travers l’adage devenu célèbre “bâti comme une armoire normande”. Cette pièce maîtresse du rangement est aussi attachée à la famille.
Armoire normande et détails
A la naissance d’une fille, le père de famille abattait l’un des plus beaux chênes de la propriété. L’arbre était alors fendu, et non scié, pour obtenir des merrains, ces lattes rectangulaires qui constituent la matière première des tonneliers. Soignement remisé jusqu’aux noces, le bois était alors confié à un sculpteur.
Fleurs, animaux, instruments de musique ou encore cornes d’abondance et gerbes de blé : les choix des sculptures étaient à l’image des moyens du père de famille et définissaient ainsi le prix de l’armoire. Le plus souvent, les symboles sculptés, dénommés poncifs, étaient en lien avec le métier du père. On retrouvait ainsi les blés pour représenter les travaux agricoles, des instruments de chasse pour les familles appartenant à la noblesse, etc.
L’armoire normande accompagnait ainsi une nouvelle étape de la vie. Avec le trousseau et le rouet, l’armoire marquait l’entrée dans la vie de couple de la jeune mariée.
Détails de différents ornements des armoires normandes
Petite histoire du meuble normand
Somme toute assez basique, le meuble normand se dote de nouvelles caractéristiques sous l’influence du règne de Louis XV. Des volutes viennent assouplir les lignes plus rigides des pieds et les frises traditionnellement présentes en haut des meubles tels que les buffets et les armoires sont davantage chantournées, présentant ainsi des courbes saillantes et rentrantes. Le mobilier normand gardera ces caractéristiques jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Le coffre de mariage normand
A l’instar de l’histoire de l’armoire normande, celle du coffre du pays de Caux s’inscrit dans le quotidien des familles. Si ce dernier bénéficie de l’évolution du coffre entre le XIVe et le XVe siècle avec la disparition des armatures de fer et l’apparition de pieds pour le surélever, le coffre normand se conjugue avec un événement marquant au XVIe siècle : le mariage.
Coffre de mariage normand typique
Les coffres dits de mariage, ou malle normande, se composaient d’un panneau central richement décoré d’une scène issue de la mythologie mais aussi, pour les plus modestes, de fonds de couleur ocre, vert ou bleu sur lesquels apparaissaient des fleurs ou encore des oiseaux.
Élaborés en pleine Renaissance, les coffres normands reprennent ainsi des ornementations typiques de cette riche période artistique tels que la tête de chérubin ailé ou encore la plume. Côté moulure, les motifs végétaux ainsi que les rinceaux prédominent. Certaines malles normandes destinées aux plus riches étaient incrustées de bois précieux.
A visiter : le musée du Meuble Normand
Ouvert en 1976 à Villedieu-Les-Poêles, le musée du Meuble Normand abrite une collection de 145 meubles originaires des cinq départements de la Normandie. Unique en son genre en France, le musée offre au public l’occasion de découvrir un patrimoine mobilier exceptionnel.
Le buffet cauchois
Le buffet normand est une véritable institution. A volute pour sa version la plus simple de buffet de cuisine, le buffet de la région peut aussi s’apparenter à l’armoire avec sa forme de chapeau de gendarme offrant à l’ouvrage une apparence imposante. Toujours à deux portes, le buffet est aussi composé d’une porte pleine, ou vitrée pour les meubles les plus récents, sur la partie supérieure.
A gauche : Buffet cauchois ; à droite : bas d’un buffet
Si le buffet n’a rien de cauchois en soi, c’est une nouvelle fois du côté de l’ornementation que la région se démarque. La décoration du meuble, aussi bien sur sa partie haute que basse, est une incantation à la fécondité à travers la présence des pommes, des grenades ainsi que des cornes d’abondance placées au milieu des roses et autres fleurs. Complémentaire de l’armoire, le buffet normand était généralement apporté par le jeune marié.
Robustes et utiles, les meubles normands ont su très tôt séduire les clients des antiquaires parisiens les plus prestigieux. Loin des fastes des meubles d’apparat, c’est justement pour leur côté pratique et authentique, sans toutefois négliger les riches ornementations, que le patrimoine mobilier normand s’est hissé sur le podium des meubles régionaux les plus originaux. A visiter :
Le musée des traditions et arts normands de Martainville-Epreville