Dans bien des esprits, la marqueterie, c’est avant tout le faste des salons d’apparat de Napoléon III ou la richesse du mobilier d’André-Charles Boulle, ébéniste de Louis XIV qui perfectionna le procédé de fabrication.
Avant de se transformer en art, la marqueterie est avant tout un décor réalisé grâce à une combinaison de feuilles de bois et un autre matériau tel que l’os, le cuivre, le bronze, l’écaille de tortue ou encore l’ivoire. Une fois découpé, le motif est collé sur un support, principalement en bois.
Si la technique a évolué au fil des siècles, les premières marqueteries apparaissent à l’Antiquité avant d’atteindre leur pic de production à la Renaissance.
Sommaire
La technique de l’incrustation ou intarsia, ancêtre de la marqueterie
Meuble Intarsia
Pendant l’Antiquité, les artisans commencent à incruster des matériaux précieux dans des édifices en pierre notamment en Egypte.
Bon à savoir :
A Mycènes, c’est toute une série de poignards, visibles au Musée d’Athènes, qui se trouvent incrustés selon la même technique que celle utilisée par les Egyptiens.
Si ces prémisses de marqueterie ne résistent pas à la chute de l’Empire Romain, ils seront revisités et perfectionnés en Italie au XVème siècle.
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En Italie, les premiers meubles en marqueterie
C’est à Florence que les meubles en bois se parent progressivement de fines plaques de bois précieux, découpés aux ciseaux, et de nacre. Appelée aussi “peinture sur bois”, la marqueterie est avant tout une invitation au voyage avec des compositions d’ornements, de fleurs ou encore d’animaux.
Au XVIIème siècle, l’art de la marqueterie n’aura jamais aussi bien porté son nom. Avec des décors en frise et des compositions géométriques, la finesse et la complexité des motifs marquent l’apogée de cet art. S’y ajoute la richesse des bois en provenance “des isles”, amourette de Guyane, palissandre des Indes ou encore amarante du Brésil.
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Les “bois des Isles”
Ebène, acajou, amboine, citronnier, santal : il suffit de les prononcer pour voyager. Ces bois tropicaux deviennent de plus en plus plébiscités au XVIIème siècle dans la marqueterie, la conception d’objets précieux ou encore la lutherie.
Bois Tropical
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La technique de fabrication Boulle, le perfectionnement de l’art de la marqueterie
Si l’on ne doit pas à André-Charles Boulle l’invention de la marqueterie, le nom de l’ébéniste de Louis XIV laisse définitivement sa trace dans l’histoire de cet art.
En s’inspirant d’une technique allemande qu’il perfectionne, André-Charles Boulle crée un procédé nouveau : la marqueterie par découpe superposée. En découpant simultanément une feuille d’écailles de tortue Caret et de métal, principalement du cuivre et du laiton, il obtint deux fois le même motif sur les matériaux.
Meuble d’André Charles Boulle
Les deux panneaux, dénommés “partie” et “contrepartie”, sont alors inversés pour créer des motifs différents :
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- sur deux meubles identiques : on crée alors une paire;
- sur un meuble : les panneaux sont plaqués à l’intérieur et à l’extérieur.
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La boîte à outils du marqueteur
Les premières marqueteries sont réalisées grâce aux ciseaux à bois avant d’être remplacés par une scie à chantourner, appelée aussi bocfil, qui permet une découpe beaucoup plus fine. Le marqueteur était assis sur un chevalet, “le chevalet du marqueteur”, muni de sa scie.
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L’écaille de tortue Caret
Les plaques d’écailles de tortue caractérisent la marqueterie Boulle. Avec leur carapace d’un brun rougeâtre parsemée de taches claires, les tortues Caret sont très prisées chez les ébénistes.
Écaille de Tortue
Une autre technique, dénommée marqueterie élément par élément, s’inspire de la marqueterie Boulle. Développée à partir du milieu du XVIIIème siècle, elle a l’avantage de créer des motifs quasiment parfaits. Comme son nom l’indique, les éléments menant à la composition des motifs sont créés un par un pour davantage de précision.
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Plus méconnue, la marqueterie perse
Imaginez-vous en Perse au milieu du XVIème siècle, en plein règne des Safavides en train d’errer dans les rues d’Ispahan ou de Chiraz. Autour de vous, de nombreuses échoppes aux couleurs chatoyantes, aux odeurs d’épices et aux objets précieux. Parmi ces derniers, des instruments de musique et des jeux de backgammon en bois d’ébène, de rosier ou encore d’oranger.
Vous voilà plongé au coeur de la marqueterie Khatam Kari, “travail des incrustations” en perse. Contrairement aux techniques occidentales, la marqueterie perse se base sur des baguettes de bois. Les bois sont assemblés en faisceaux avant d’être collés, pressés pendant plusieurs heures, et les baguettes sont coupées en lamelles avant d’être collées sur le support.